PRÉSENTATION
 

Aller à la rencontre des photographies de Patrick Bouju revient à prendre un billet pour des destinations surprenantes, voire déroutantes. L’abstraction de ses images, faisant souvent référence à la peinture contemporaine, nous ouvre différentes portes.

La première serait une invitation à poser sur notre quotidien un regard nouveau. Nous sommes entourés d’oeuvres d’art, crées parfois par la nature, parfois par l’homme, souvent conjointement et nous les ignorons.

Qui détectera l’agencement poétique de quelques lichens sur un coin de banc ? Qui aura l’impétuosité de capter l’impact émotionnel de certaines traces sur certaines vitres ?

Le message sous-jacent pourrait être : pourquoi ne pas affuter son regard ? Pourquoi ne pas s’arrêter sur les choses anodines, sur la simplicité apparentes des choses ? Etre prêt à découvrir de nouveaux continents en ouvrant l’oeil ?

Aller chercher de grandes émotions dans des portions d’infime … Revêtir son chapeau de paille d’explorateur, quitter son regard plat pour se laisser émouvoir par les trésors qui nous environnent. Oniriques, porteurs, inspirants. Ils sont un éloge de la beauté de l’ailleurs à portée de nos sens.

Là s’ouvre la deuxième porte. Car les photographies de Patrick Bouju sont avant tout sensorielles. Elles apaisent ou réveillent notre regard. Elles sont des tremplins qui permettent à nos sens de se déployer. Afin de converser librement avec notre imagination vagabonde.

La troisième porte est évidemment en lien avec le thème du voyage. Nous nous métamorphosons en Alexandra David-Néel, en Louis-Antoine de Bougainville. Nous tombons nez à nez sur des territoires inexplorés, vierges. Nous partons loin de notre quotidien numérique, nous revenons à un essentiel déniché dans des éléments naturels, des fragments “laissés pour compte”. Aucun filtre, aucun travestissement de la réalité, nous nous retrouvons face à une nature brute et saisissante de beauté.

La prise de connaissance de ces “nouveaux mondes” nous dirige vers la dernière porte. Celle qui fait l’apologie de l’usure, du wabi-sabi. Préférer l’usé, le vieilli, les marques du temps au “clean”, au flambant neuf. La nature est une artiste à part entière et Patrick Bouju, dénicheur d’imaginaires, nous expose quelques-unes de ses petites pépites en évolution. Le temps est sublimé.

Qui a dit que nous avions fini d'explorer notre planète ? Karine Pilette



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